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LES REVUES DANS LE CHAMP LITTÉRAIRE, Histoire, Marges, Création : LA RUPTURE BANANA SPLIT, 2008

Thèse de Sandra Raguenet sous la direction de Inès Oseki-Dépré

537 pages

Université de Provence. Faculté des lettres et sciences humaines

Etroitement liée à la marge, la revue occupe une place paradoxale dans le champ littéraire, une place mineure dans la récepton, majeure dans la création. L’étude comparative du genre depuis son origine, révèle que son essence collective et son double statut – support de production et de diffusion – génèrent des usages alternatifs de l’écriture, de la traduction, de la pensée, toutes activités qui fondent la littérature. Son étude diachronique dévoile caractéristiques, fonctions et potentialités multiples. C’est en choisissant d’observer la revue de poésie « Banana Split », créée en 1980 par Liliane Giraudon et Jean-Jacques Viton, qu’on se propose d’analyser le lien entre marge, histoire et création. Son approche synchronique révèle un objet transgressif dont la rupture avec des lois du genre questionne une époque tendue entre une modernité dite périmée et une postmodernité souvent perçue comme une régression. Entre ces deux positions, « Banana Slit » interroge le contemporain.

Extraits : pp.325, 326 ⁽¹⁾

L’éclectisme de la revue opère à tous les niveaux. Dans un décloisonnement total, BS a en effet accueilli des interventions de musiciens, plasticiens, peintres, photographes, sculpteurs, stylistes et scientifiques qui déstabilisent davantage ses codes typologiques. C’est que BS ne conçoit pas la poésie comme un univers clos sur lui-même ; elle n’est ni une revue de poésie au sens restreint du terme ni une revue de littérature générale : les productions littéraires dominantes sont : bien poétiques une fois considéré que la poésie est un lieu de détérritorialisation aussi bien génériques que formelles. BS fait ainsi fuir tous les codes. La figure d’Einstein sur la 4^e de couverture fonctionnait bien comme un indice de cette hétérogénéité, de son choix du décloisonnement entre les disciplines.

C’est ainsi qu’elle a passe une commande au scientifique René Thom qui a fait part de ses recherches sur la physiologie sensori-motrice (n°11) ; recherches qui interviennent elles-mêmes dans l’album consacré au philosophe logicien Ludwig Wittgenstein. Le décloisonnement s’opère aussi avec et entre les arts.

Les sommaires ⁽²⁾ confirment cette approche. Nombre de plasticiens de diverses tendances ont participé au projet. Ainsi de Heppe de Moor (n°2), de Kate Van Houten (n°3, 19), de Raquel (n°4), Gaston Planet (n°5), Jean-Louis Vila (n°6), Devaux (Feuilleton du n°7 au n°18), Corinne Mercadier (n°7), André-Pierre Arnal (n°8), Matsutani (n°9/10,19), Jean-Jacques Ceccarelli (n°11), Appien (n°12), Jacqueline Guillermain (n°13), Jean-Luc Guerin (N°14), Christian Sorg (1°15), Jean Hélion (n°20/21). Le numéro 16 donne à voir les interventions de Hélène Mooren et de Josef Bauer, le numéro 17 celle de Jean-Baptiste Blom, le numéro 22 accueille de manière plus dense les plasticiens avec les participations de Christian Boltanski, Henri Forsanari et Marc Camille Chaimowicz. 

La liste se poursuit avec Hélène Gava (n°23/24), Guy Giraud (n°23/24), Annette Messager (n°25), Jean-Pierre Pincemin (n°25), Catherine Marchadour (n°25), Michel Potage (n°25), Hervey (n°26) et Audrey Jenkinson (n°27). À cette longue liste s’ajoute des poètes plasticiens parmi lesquels on compte Denis Roche (n°4), Nanni Balestrini (n°12), Bernard Noël (n°20/21), Victor Sosnora (n°23/24, 26 bis), Christian Gabrielle Guez Ricord (n°23/24) et Frédérique Guetat-Liviani (n°27).

Au total. BS a publié une trentaine d’artistes venus d’horizons géographiques et esthétiques divers dont les pratiques exploitent des supports et des techniques variées. Elle permet ainsi d’apprécier une diversité de travaux en poursuivant sa démarche d’ouverture à l’intérieur des arts plastiques.

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